Bonjour, je m’appelle Inès Leonarduzzi, je suis autrice et entrepreneure. De père d’origine italienne et croate et de mère amazigh d’Algérie, j’ai grandi en Normandie dans un petit village et je vis aujourd’hui à Paris avec mon compagnon et notre fils.
Mes cheveux sont très importants pour moi, c’est un héritage féminin très puissant dans la culture méditerranéenne comme cela l’est dans de nombreuses cultures. On peut dire tant de choses d’une femme simplement à partir de ses cheveux.
Enfant, mes cheveux étaient très épais, très secs et très bouclés, voire frisés. C’était difficile de les coiffer au point que mon père, de manière absolument non-convenue avec ma mère, alors que j’avais 5 ans, m’a coupé les cheveux tout seul, de sorte à y passer moins de temps. Je me suis retrouvée avec une coupe épaisse en forme de boule irrégulière et incoiffable.
J’ai donc hélas très tôt développé un complexe. J’étais, comme d’autres jeunes filles d’origine nord-africaine ou africaine, sous l’influence des diktats de beauté occidentaux. Il fallait avoir les cheveux « lisses et disciplinés » être belle. Je me souviens que les chaînes de coiffeurs touchaient nos cheveux en s’exclamant devant les autres clients : « Mais on ne peut pas coiffer ça ! » Je me sentais si honteuse… D’ailleurs, c'est amusant d’employer le mot « disciplinés » : cela induisait que nous étions des rebelles par nature, que par essence, nous ne rentrions pas dans les cases. Et notre reflet dans le miroir nous l’indiquait quotidiennement.
J’ai ainsi longtemps nourri un désamour pour mes cheveux.
Pendant mes études supérieures, j’ai réitéré le geste de mon père, en allant plus loin. J’ai rasé mon crâne. Et ça m’a plu. C’était une phase de ma vie où je sentais ma personnalité émerger, ma façon de penser s’affermir, moi qui était timide et en manque d’assurance jusqu’alors. Je commençais à avoir des opinions politiques, des opinions sur le monde, beaucoup de choses bougeaient dans ma vie et il m’est venu l’envie de m’affranchir des règles de beauté collectivement admises. On peut dire que c’était mon moment Britney.
J’ai porté ensuite les cheveux longs, puis au carré comme dans les années 40. En prenant confiance en moi, en explorant mes capacités et mes autres atouts de beauté que je pouvais développer (l’humour, la sympathie, les connaissances, ma relation avec mon corps, avec ma peau, avec les autres…), mes cheveux ont moins été une obsession stressante qu’un soin qui me fait du bien.
Aujourd’hui, je lisse mes cheveux parce qu’au quotidien je ne saurais trouver le temps de travailler une chevelure bouclée telle que je la désire, je suis bien trop exigeante, mais j’en rêverais ! Et paradoxalement, je suis de moins en moins dans le contrôle. Je n’aurais jamais pensé pouvoir sortir de chez moi sans avoir coiffé mes cheveux avec un sèche-cheveux ou de dormir les cheveux mouillés et me débrouiller avec le lendemain. Et pourtant aujourd’hui ce n’est plus du tout un problème. Je pense que c’est la beauté de prendre de l’âge : on apprend à s’aimer telle qu’on est et les personnes qui vous entourent vous trouvent belle parce que vous-même, vous trouvez belle.
J’aimerais dire aux petites filles aux cheveux frisés, secs et « indomptables » que ce n’est pas à elles de s’adapter, c’est au regard des autres de comprendre que la beauté prend mille et une formes. Un travail immense de dénormalisation de la beauté reste à faire.
En ce qui concerne mes cheveux, je fais beaucoup de soins. Vivant dans une ville polluée, je dois faire doublement attention (comme je le fais avec ma peau). Le geste prioritaire est de ne pas négliger le shampoing, qui est souvent exécuté trop rapidement. Prendre soin de moi fait partie de la manière dont je me traite. Ces rituels sont structurants sur le plan mental et même sur le plan spirituel. Quand ma peau et mes cheveux sont propres, en bonne santé, je suis disposée à mieux réfléchir, à être plus créative et être plus sereine. Ça peut surprendre et pourtant, un esprit sain fonctionne mieux dans un corps sain, cette expression date de la Grèce antique. Ma mère, musulmane, m’a enseigné que Dieu aime le beau ; le beau commençant par la propreté et le soin du corps.
J’applique de la protection solaire tous les jours en été sur mes cheveux. Et j’essaie aussi de ne pas abuser des appareils chauffants.
L’été et l’hiver, en vacances j’en profite pour traîner avec, sur les cheveux, un bain à l’huile d’argan, usage héritée de ma mère.
On a souvent tendance à confondre les besoins en gras et les besoins en eau. L’huile nourrit mais les cheveux comme la peau ont aussi d’hydratation. Les deux sont essentiels. Pour hydrater, il faut boire régulièrement de l’eau. J’aime aussi, par exemple, appliquer un gel d’aloe vera en soin.
Prends soin de tes cheveux, ils protègent un atout beauté encore plus grand : ton cerveau.