Aujourd'hui on a la joie de partager avec vous notre entretien avec Aurélie Saada, du duo Brigitte. Sa personnalité, ses textes, sa voix, sa force, sa douceur, son style (et ses coiffures!)... tout nous inspire chez elle. C'est avec beaucoup de générosité qu'elle a répondu à nos questions... on a parlé famille, musique, couscous, liberté, sororité, et hairstories bien sûr!
Tu composes, écris, interprètes, réalises, produis... Est-ce que tu as grandi dans un milieu artistique?
J’ai grandi dans une famille qui pourrait ressembler au début de pitch d’un film de Woody Allen: entre une mère Psychanalyste et un père Gynécologue... La liberté, l’enthousiasme, la générosité, le travail, l’expression personnelle et le bon couscous ont toujours été des valeurs respectées.
Dans tes chansons, il y souvent un mélange entre des sujets sérieux et des mélodies douces et joyeuses, comme dans Sauver ma peau, extrait de Nues, le 3ème album de Brigitte... Ce 'soft power', ça te vient d’où?
Le paradoxe, la nuance sont pour moi essentiels en ce monde et dans tout... Nous assistons je trouve de plus en plus à un enfermement , une radicalisation des propos, de niche... à de plus en plus de repli... et je trouve ça assez dommage et effrayant. Je trouve la complexité si humaine, alors c’est vrai que quand j'écris, j’aime mélanger le rire et les larmes, des textes durs sur des musiques douces; offrir du paradoxe, c’est proposer une autre écoute, une autre lecture des choses qui à mon sens ressemble davantage à la vie, où nos émotions sont loin d’être monochromes, et dans laquelle peut-être on se prend un peu moins au sérieux...
Le duo Brigitte, que vous formez avec Sylvie Hoarau, est justement à la fois puissant et d’une grande douceur, et puis on sent beaucoup de complicité entre vous: est-ce que c’est important cette notion de duo, ça vous donne de la force?
C'est formidable de pouvoir travailler à deux en duo, et même à plusieurs: le dialogue féconde, il vous pousse à être meilleur, à vous éloigner de votre zone de confort. Je viens de terminer l’écriture d’un film avec Yaël Langmann (une très belle tête bouclée) et c’est formidable de découvrir qu'au-delà de l’amitié que nous avons l'une pour l'autre, il y a aussi cette possibilité de créer, d’inventer des histoires et de leur donner vie.
J’ai aussi en tête ce moment incroyable où avec Sylvie vous êtes montées sur scène (sur le plateau de Quotidien) avec vos soeurs, mères, filles, amies… c’était tellement fort! Est-ce que tu es très 'bande de filles'?
Ma vie est entourée de femmes formidables, mes filles, ma sœur, ma mère, mes amies si merveilleuses et toutes celles que je croise sur la route. Mon monde est essentiellement féminin. Parfois je rêve à une fin de vie dans une grande maison ou je vivrai avec elles, toutes générations confondues... J’aime les femmes, leurs parcours, leurs combats, leurs histoires, j’aime que nous soyons différentes mais ensemble.
Parles-nous de tes cheveux... d’où te viennent tes si belles boucles? Quel genre de relation tu as avec tes cheveux, tu les laisses libres ou tu en joues?
Je suis d’origine berbère, mon père et ma mère sont de Tunisie. Chez moi tout le monde a les cheveux bouclés, et nos cheveux sont toujours un sujet... ils prennent tant d’espace dans nos vies... Adolescente et jusqu'à tard, j'ai rêvé d'être comme mes copines du lycée Lamartine et du lycée Condorcet avec les cheveux bien raides... je dois même avouer les avoir glissés sous le fer à repasser quelque fois... Aujourd’hui j’assume pleinement ces cheveux libres qui je dois dire reflètent assez bien mes humeurs...
D’ailleurs on sent une grande liberté dans la manière dont tu abordes la mode, le style... avec Sylvie vous jouez souvent avec les codes de la mode, avec les coiffures?
Avec Sylvie nous aimons nous amuser, Brigitte est un véritable terrain de jeu en terme d’image, ça a été si excitant sur le deuxième album de travailler sur la gémellité, alors que nous nous ressemblons si peu, de porter des perruques, de trouver en nous ce qui nous rendait similaires.
Enfin, on a nos 3 questions habituelles:
Quel est ton #hairtop ?
Je dirais après mes accouchements, pendant plusieurs mois j’ai eu les cheveux de mes rêves... Mais tout ça n'était qu’un rêve évidemment, et aux douze coups de la fin des hormones tout à disparu...
Et ton #hairflop ?
Enceinte, au moment où on gonfle sérieusement, j'ai décidé de me faire une frange... c'était un véritable désastre. Mais heureusement ceci a donné naissance à un petit effet de style... à l'époque, pour cacher cette frange bouclée, la dompter, l’aplatir, j'ai porté sur la tête mes vieux sautoirs de perles, et un jour mon amie Anna Rivka qui est bijoutière en a eu marre de me voir me débattre avec des colliers sur la tête et m’a dit 'je vais te faire un bijou de cheveux'! Un head band, et de là a commencé nos merveilleuses collaborations avec ses créations magnifiques.